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La gamine que l'on aperçoit ci-dessus a une dizaine d'années et vit dans un luxueux duplex quelque part, non loin de la Porte Maillot, à Paris. Malgré le niveau de vie élevé de cette famille, l'ordinateur ne servait pas à grand chose ; pour l'essentiel, il était encombré de jeux installés par le grand frère; il a donc fallu installer des choses plus intelligentes.
Au début des années 2000, l'ordinateur est déjà largement diffusé chez les particuliers, mais les enfants s'en servent mal pour la simple raison qu'ils n'apprennent pas vraiment à s'en servir en classe.
Pour ma part, dès la fin des années 1990, je me suis toujours appuyé sur cet outil comme indispensable complément pédagogique. Et à la question : à partir de quel âge l'ordinateur est-il indiqué comme outil pédagogique ?, je réponds qu'il n'y a pas vraiment d'âge, hormis le fait qu'il est nécessaire que l'enfant puisse communiquer, donc se faire comprendre, et savoir manger proprement un yaourt avec une petite cuiller.
À quatre et des poussières, Kikuko fréquente la Petite section de maternelle. Née d'un père français et d'une mère japonaise, elle baragouine encore le français mais est parfaitement volubile dans sa langue maternelle, n'ayant jamais eu de nounou et le père étant régulièrement absent. Son problème est que les choses ne se passent pas très bien à l'école en raison du sérieux retard de langage en français.
Il a fallu une petite séance de prise de contact. Et dès la séance suivante, j'ai apporté un vieil ordinateur portable encore d'attaque, que j'avais muni d'une souris à l'effigie d'un personnage de Walt Disney.
Les enfants sont fascinés par l'ordinateur, surtout depuis l'avènement du multimédia, qui permet à la machine de dialoguer littéralement avec son utilisateur. Le fait est qu'il n'a pas fallu longtemps à notre petite Franco-japonaise pour apprivoiser l'outil, notamment la souris : on dirige l'engin de la main tout en regardant ailleurs, sur l'écran, où apparaît un point lumineux. L'enfant doit, donc, comprendre que le point lumineux est dirigé par sa main. Une fois maîtrisé le geste, l'enfant va pouvoir travailler en toute autonomie. Le reste ne dépend que de la richesse des programmes éducatifs disponibles.
Dans le cas de Kikuko, un seul programme a suffi, qui rassemblait une multitude de protocoles sur le registre de l'apprentissage ludique : lire des lettres et des chiffrs, compter des objets, assembler des puzzles, etc. Et c'est là qu'on se demande pourquoi diable il n'y a pas plus d'ordinateurs dans les salles de classe !
La quasi-totalité des images illustrant cette section nous présentent des écoles étrangères, ce qui se comprend aisément : on y voit des salles de classe richement dotées en ordinateurs, certains pays, comme le Danemark, le Luxembourg ou Singapour affichant un taux de l'ordre d'un ordinateur par élève, ce qui est encore loin d'être le cas en France, où les ordinateurs sont encore trop souvent installés dans des salles spéciales, au lieu d'être présents dans les salles de classe.
Et ce retard français en matière d'équipement informatique non pas des écoles mais des salles de classe, va avoir son importance sur le plan pédagogique.
Et pourtant, quel compagnon d'apprentissage efficace que l'ordinateur !
Le cas d'Inès a déjà été évoqué ailleurs. Elle avait appris tout l'alphabet dès ses deux ans et demi, grâce à un jouet parlant. Et puis, un jour, elle est venue frapper à ma porte après avoir découvert que je disposais d'un certain nombre de "gros" ordinateurs. Et là, à chacune de nos rencontres, elle n'a plus lâché le morceau, me harcelant à coups de suppliques dans le genre : "Monsieur W., vous allez m'apporter l'ordinateur ?".
Jusqu'au jour où j'ai fini par lâcher prise ; elle l'a donc eu, son ordinateur, le jour de ses cinq ans. L'ordinateur devait être de constitution robuste puisqu'il a parfaitement tenu le choc après des années d'utilisation intensive. Il faut dire que, contrairement aux garçons, les filles n'ont pas la réputation de démolir leurs "jouets" !
Pour être efficace en classe, l'informatique ne peut s'envisager qu'à raison d'un ordinateur par élève..
Sur l'ordinateur d'Inès, j'avais à peu près tout installé qui puisse s'apprendre, hormis les logiciels classique de bureautique : dactylographie, dessin, la fameuse collection des "Graines de Génie", dictionnaires, jeux de mots, etc., soit autant de programmes éducatifs permettant de travailler en autonomie tout en disposant d'un partenaire qui vous guide, vous corrige, vous stimule, et vous apprend plein de choses.
Quel dommage que l'école française soit à ce point fâchée avec l'outil informatique, et à cela, il y a certainement une explication !
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