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Échec scolaire par-ci, échec scolaire par-là... Et à chaque fois, on se rend compte qu'il n'est question que de l'échec de sujets scolarisés en primaire et secondaire, rarement dans le supérieur. Étrange, non ? Surtout lorsque l'on rapproche les chiffres : n'entend-on pas régulièrement dire que près de 15 % des sujets parvenant en sixième des collèges ne maîtrisent ni le lu ni l'écrit.

Quinze pour cent. Et, pendant ce temps, à l'université...

En vrac, quelques citations recueillies ici ou là.

Il y a une dizaine d'années déjà :

La moitié des étudiants échouent au Deug. Comment agir pour redorer le blason des premiers cycles universitaires face à la concurrence des formations encadrées à petits effectifs comme les classes préparatoires ou les IUT ?

Quelques chiffres méritent d'être rappelés : la France comptait 300 000 étudiants en 1968, l'effectif tourne aujourd'hui autour de 1,5 million. L'université française est devenue une « université de masse », depuis que près des deux tiers d'une classe d'âge obtiennent le baccalauréat et que la majorité poursuit des études supérieures.

Oui, mais voilà : en même temps que l'accès à l'université s'est ouvert, on a vu surgir le spectre de l'échec scolaire, sous forme d'un taux d'échec important au Deug, diplôme censé clore le premier cycle universitaire en deux ans. Les chiffres sont, à vrai dire, très contrastés : 60 % des inscrits obtiennent leur Deug, mais seulement 45 % en deux ans. Les taux varient aussi selon les disciplines : la réussite du Deug en deux ans est de 59 % en lettres, 35 % en droit... En outre, la série du baccalauréat obtenu est déterminante (plus de 80 % des bacheliers généraux obtiennent leur Deug contre 38 % des bacheliers technologiques), ainsi que le fait d'être « à l'heure », qui multiplie par trois les chances d'aller en deuxième cycle...

On pourrait cependant égrener longtemps les chiffres (1), sans pour autant réellement appréhender le sentiment d'échec et de malaise ressenti actuellement dans les premiers cycles universitaires par bien des étudiants, mais aussi par les enseignants qui, dès qu'il le peuvent, tentent de se faire déplacer dans les enseignements de deuxième ou troisième cycle, plus gratifiants.

(...) Chacun à leur manière, les intervenants se sont accordés pour constater que l'université, aujourd'hui, était en passe de devenir un modèle repoussoir. Le bac en poche, les meilleurs élèves se battent pour obtenir une place dans les classes préparatoires aux grandes écoles (où l'on trouve 50 % d'enfants de cadres et 5 % d'enfants d'ouvriers) ; les IUT (instituts professionnels installés au sein de l'université) et les STS (sections de techniciens supérieurs, préparant, dans les lycées, à un BTS) sont également très demandés, et il est à noter que dans ces sections, les jeunes de milieu populaire sont beaucoup plus nombreux. Il est aujourd'hui difficile d'engager un débat sur l'université, expliquait A. Renaut, étant donné que le problème (pour les parents ou les jeunes) est de savoir comment on va pouvoir ne pas y aller ! S. Beaud a souligné également que bien souvent, le choix d'y entrer se faisait par défaut, les IUT et les classes STS, de plus en plus demandés, devenant de plus en plus sélectifs ; il a déploré aussi la multiplication des classes préparatoires dans les lycées de province, qui assèche le vivier de bons élèves pour l'université. (Source)

 

Selon un rapport du Sénat français :

L'échec à l'université concerne essentiellement le premier cycle, principalement la première année, au cours de laquelle abandons et redoublements sont nombreux, illustrant une défaillance manifeste de la politique d'orientation des étudiants. 

Seulement 46,2 % des étudiants passent en deuxième année. 


L'échec concerne d'abord les bacheliers professionnels, mal préparés par leurs études antérieures à s'engager dans une formation universitaire générale de premier cycle, et, dans une moindre mesure, les bacheliers technologiques, notamment lorsqu'ils sont issus des séries tertiaires. 

En 2002-2003, comme l'illustre le tableau ci-après, 46,2 % des étudiants entrés en 2001-2002 en première année de premier cycle universitaire (IUT et formations universitaires d'ingénieurs inclus) sont passés en deuxième année ; 29% ont redoublé leur première année et 24,8 % sont sortis du système universitaire : sortie définitive, temporaire ou orientation vers des filières supérieures non universitaires (STS, formations paramédicales et sociales...). 

Le taux de passage dans la même filière le plus élevé se situe en formation d'ingénieur (76,3 %) et en IUT (71,9 %), le taux le plus faible en médecine et en pharmacie (en raison du numerus clausus réglementant le passage en deuxième année). Dans les filières générales, le taux de passage varie fortement : élevé en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) (50,2 %) et en Sciences et structure de la matière (44,9 %), il est faible en Administration Économique et Sociale (AES) avec 30,3 %. Ces écarts entre filières s'expliquent en partie par l'origine scolaire des entrants : 72,6 % des entrants sont titulaires d'un baccalauréat général en STAPS, 49,8 % en AES. De plus, en AES, discipline pluridisciplinaire à dominante économique et juridique, 34,6 % des entrants sont titulaires d'un baccalauréat technologique. 

Près d'un entrant en première année sur dix se réoriente en cours ou en fin de 1ère année. Pour plus de huit étudiants sur dix, ce changement de filière s'accompagne d'un redoublement. Qu'ils réussissent ou qu'ils redoublent, près des deux tiers des entrants en première année poursuivent leurs études dans la même discipline. Un quart des entrants quitte l'université après un an. Les taux de sortie sont plus élevés en AES (36,6 %), Lettres-Sciences du Langage - Art (32,5 %) qu'en Sciences et structures de la matière (23,1%) ou en STAPS (17,4 %). Les écoles d'ingénieurs, les IUT, la médecine et la pharmacie ont les taux de sortie les plus faibles.

(...) A la session 2001, trois étudiants sur quatre, entrant en première année de premier cycle et ayant confirmé leur inscription l'année suivante, ont obtenu leur DEUG. La durée retenue pour la réussite au DEUG est de 2 à 5 ans, pour tenir compte des possibles réorientations ou des interruptions provisoires de cursus des étudiants. En 2001, les taux moyens en 2 et 3 ans sont respectivement de 44,5 et 21,2 % pour l'ensemble des étudiants, bacheliers et non bacheliers. Ils sont un peu plus élevés après cinq années de premier cycle si on tient seulement compte des bacheliers généraux et technologiques (+ 0,8 %). 

Plus d'un étudiant sur deux ayant obtenu son baccalauréat à l'heure ou en avance, c'est à dire avant 19 ans pour les bacheliers généraux et technologiques et à 19 ans pour les bacheliers professionnels, obtient son DEUG en deux ans. Cette proportion est de un sur trois pour les bacheliers en retard d'un an et de un sur cinq pour les bacheliers dont le retard excède un an, quelle qu'en soit la série. 

Les étudiants issus des séries scientifiques du baccalauréat réussissent le mieux en premier cycle (90,3 %), devant les bacheliers littéraires (77,2 %) et économiques (76,9 %). Les bacheliers des séries technologiques, moins nombreux à l'université parce qu'ils se sont orientés plutôt vers des filières courtes (IUT ou STS), ont un parcours dans le supérieur universitaire plus difficile que les autres. Leur taux de réussite au DEUG après cinq ans en premier cycle est de 38,4 %. Les bacheliers professionnels, très peu représentés à l'université, sont également peu nombreux à obtenir le DEUG (17,7 %). 

Mais au total, 2 à 5 ans après la première inscription à l'université, seuls 56,8 % réussissent leur premier cycle universitaire. 

 

Décrochage à l'université : qu'en est-il ?

De fait, 80 000 jeunes en moyenne sortent chaque année de l'enseignement supérieur français sans avoir obtenu de diplôme (ils étaient 90 000 en 1998, 84 000 en 2001 et 75 000 en 2004) ; ce décrochage concerne particulièrement les étudiants en université proportionnellement plus nombreux à sortir de l'enseignement supérieur sans diplôme que les autres.

Selon les chiffres révélés par l'étude « Génération » du CEREQ menée en 1998, 2001 et 2004, sur 90 000 jeunes sortis de l'enseignement supérieur sans diplôme en 1998, plus de la moitié, 59 % (soit 53 000 jeunes), étaient issus de l'université au niveau DEUG, contre 34 % d'un BTS et 7 % d'un DUT. En 2001, les décrocheurs de l'université au niveau DEUG représentent 64% des décrocheurs (soit 54 200 jeunes) et en 2004, ils représentent 61 % (soit 45 600 jeunes) des jeunes sortant de l'enseignement supérieur sans diplôme.

Globalement, selon les chiffres de 2009 du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, un tiers des étudiants décroche de leur cursus universitaire au cours des deux premières années d'études après le bac ; certains se réinscrivent dans d'autres filières (notamment en IUT et en STS) - sans pour autant finir par obtenir un diplôme - tandis que d'autres abandonnent immédiatement leurs études (10 % des étudiants décrocheurs).

Comprendre les causes du décrochage à l'Université

Une façon de pouvoir se faire une idée des raisons qui expliquent le décrochage à l'université (et son accroissement progressif) en France est déjà de se pencher sur les caractéristiques des décrocheurs mis en évidence dans de nombreuses enquêtes statistiques ou qualitatives, françaises ou internationales.

De nombreux facteurs semblent en effet entrer en jeu dans le parcours des décrocheurs à l'université permettant de dégager des profils à risques :

Facteurs scolaires :

  • Le type de bac obtenu : les titulaires d'un bac technologique, et surtout d'un bac professionnel, sont beaucoup plus nombreux à décrocher en cours de Licence que les bacheliers généraux.
  • La filière d'inscription : ce sont les filières des SHS (AES et psychologie) et STAPS qui affichent le plus fort taux de décrochage.
  • Le rapport à la lecture et à l'écrit : les jeunes qui n'entretiennent pas un rapport de plaisir et de facilité à la lecture échouent plus fortement à l'université.

Facteurs socioculturels :

  • L'origine socioéconomique : les jeunes issus de milieux défavorisés sont beaucoup plus nombreux à décrocher.
  • Le mode de scolarisation : dans le même registre que la caractéristique précédente,  les étudiants scolarisés à temps plein ont plus de chances de réussir à l'université que les étudiants inscrits à temps partiel et devant travailler en parallèle de leurs études.
  • L'origine ethnique : les jeunes issus de l'immigration (maghrébine notamment) sont plus fortement décrocheurs. (Source)

 

       
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