Nota Bene : pour cause d'occupations multiples, donc de manque de temps chronique, la dernière mise à jour sur ce blog date de septembre 2013, l'exercice - plus ou moins amusant - consistant à voir si certaines analyses anciennes ont été validées ou non par les faits, ainsi qu'il sied de faire dans le monde des sciences et techniques, mais pas en politique, où l'on ne se trompe jamais !!!
Et pourtant, les solutions existent !
Commençons par une petite galerie de photos datant des années 1999-2002 : la gamine (une petite voisine) est née en... Mais au fait, puisque vous êtes forcément quelqu'un de très perspicace, essayez donc de deviner son âge.
Poursuivons par ce constat alarmant en Une de Témoignage Chrétien ; d'aucuns vont me dire : "2006 ? Mais c'est très loin, mon bon monsieur, parce que depuis, bien des choses ont changé, comme en matière de rénovation urbaine !"
Mon problème est que je n'ai jamais cru en cette fameuse rénovation urbaine qui se contente de démolir bêtement. C'est ce qui m'a inspiré la formule "démagogie cosmétique".
"Agiter le spectre des banlieues sous le prisme sécuritaire est bien pratique. Cela permet d'éviter la question de la relégation qui frappe les couches populaires, immigrées ou pas, de leur non-représentation dans l'espace démocratique et des politiques à mettre en oeuvre pour y remédier. La crise des banlieues est le révélateur d'une triple fracture..."
Mais ce site n'est pas consacré qu'aux problèmes des banlieues, que j'évoque par ailleurs...
Ici, il sera surtout question de déshérence sociale, phénomène dont la déshérence scolaire n'est qu'un symptôme et qui ne concerne pas que les quartiers dits populaires. Tiens, au fait, comment expliquer le "boom" de l'industrie du soutien scolaire, sinon par le fait que le gros des sujets concernés se recrute du côté des CSP+ (catégories socio-professionnelles supérieures) ? En clair, c'est dans les classes dites moyennes et aisées que l'on fait surtout appel aux professeurs à domicile, comme preuve que, dans ces milieux-là, on échoue aussi à l'école ; je veux dire qu'on y échouerait plus souvent s'il n'y avait pas toute cette organisation autour des cours à domicile. Et je suis bien placé pour en parler, moi qui ai officié comme prof à domicile durant une petite vingtaine d'années : 90 % de ma clientèle vivait dans les "beaux" quartiers de Strasbourg d'abord, de Paris et de l'Ouest parisien ensuite.
Et c'est là que je réalise que le soi-disant échec scolaire est en réalité un échec social, à commencer par un échec familial. Je m'explique.
90 % de mes élèves étaient nés de parents aisés. Je passe sur la taille des chambres à coucher, avec des enfants disposant de véritables studios composés d'une chambre et d'une salle de bains, le tout bien plus vaste que l'appartement dont je disposais moi-même. Je vous parle là des avenues Victor Hugo, à Neuilly-sur-Seine, ou Foch, Kléber..., à Paris. Certains appartements occupaient à eux seuls tout un étage, avec des halls d'entrée longs d'une dizaine de mètres et larges de deux à trois mètres, soit la dimension d'un petit appartement ! Et pourtant, on était déjà confronté au phénomène de la famille monoparentale, avec l'explosion des divorces, mais aussi avec la distance toujours plus grande entre des parents fort occupés et des enfants confiés à des nounous ou à des gens de maison, sans oublier la toujours plus envahissante console de jeu vidéo.
Est-ce pour garder les pieds sur terre que j'ai tenu à aller aussi du côté de populations moins aisées ? Toujours est-il que j'ai tenu à rencontrer des enfants moins bien lotis sur le plan financier, le problème étant que l'on ne saurait s'imposer aux familles. Et pour les joindre, il y avait les petites annonces dans la presse gratuite.
Je me souviens encore de ce jeune, élève de Cinquième, en grosse difficulté scolaire et matérielle, vivant avec sa mère et son frère cadet dans une HLM de Gennevilliers (92). Une fois dans l'appartement, j'observe qu'on s'installe dans la salle à manger. Je comprends très vite qu'il n'y a qu'une chambre pour la mère et le plus jeune frère. Derrière une armoire, je repère un matelas. Le garçon devait attendre que tout soit fini, le soir, pour installer sa couchette dans la salle à manger. Cette année-là, il finira avec la meilleure note en maths de la classe, soit une moyenne supérieure à 15/20, lui qui se croyait nul en maths ! Il faut dire que nous avons travaillé d'arrache-pied durant toutes les vacances de Pâques.
À l'époque, je vivais sur le Boulevard Suchet, dans un immeuble cerné par des succursales de l'OCDE. Fort curieusement - mais la chose n'a pas vraiment de quoi surprendre -, il y a pas mal de demande de professeurs particuliers dans les quartiers les plus aisés de Paris, notamment ceux de l'Ouest, mais aussi Neuilly-sur-Seine, Saint-Cloud et autres banlieues des Hauts-de-Seine ou des Yvelines. Et dans certains quartiers huppés, on croise forcément des gens de maison, par exemple des femmes de ménage et des nounous logées par leurs employeurs. Ce qui m'a valu, un soir, de tomber sur une toute petite demoiselle répondant au prénom d'Inès.
À deux ans et demi, Inès connaissait déjà son alphabet, grâce à un petit ordinateur parlant en forme de jouet en plastique jaune fluo. Voilà qui m'a donné l'idée d'accélérer son alphabétisation, ce qui intervint bien avant qu'elle n'intègre le Cours Préparatoire.
Famille monoparentale, mère femme de ménage, âge : entre trois et six ans
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Inès, vers cinq ans et des poussières (Grande Section de Maternelle), dictée de mots
Tiens, à propos d'un marronnier qui a la peau dure :
La France, c'est ce pays où l'on attend la veille d'une élection présidentielle - soit une fois tous les cinq ans ! - pour tenter de régler tous les problèmes, ou pour faire croire au petit peuple que l'on s'intéresse vraiment à son sort. Nous voilà, donc, en ce début de 2012, avec un nouvel appel d'une certaine élite intellectuelle autour de l'échec scolaire. Et c'est là que me vient l'idée d'aller consulter mes archives...
– Pourquoi l'éducation occupe-t-elle si peu de place dans la campagne ?
– Cette absence est une grande nouveauté...
Bon, soyons honnête : il ressort de mes archives personnelles que l'éducation a souvent été évoquée dans les médias, de manière assez disparate, certes, mais bon, on en parle quand même, surtout en dehors des milieux enseignants.
– Il est nécessaire de lutter contre l'échec scolaire très tôt. (Monique Vuaillat, syndicaliste S.N.E.S., Europe 1, 22 janvier 2000).
– Il faut s'attaquer au problème de l'échec scolaire bien plus en amont, dès le primaire. (Monique Vuaillat, Europe 1, 28 mars 2000).
– Question : Si vous étiez Ministre de l'Éducation Nationale ?
– Réponse : Priorité à l'aide précoce à ces élèves qui sont en perdition dès la maternelle, parce que ceux-là, on sait qu'ils vont galérer toute leur vie. (Monique Vuaillat, interview Laura Massis, France 3, 30 janvier 2001).
– La France a un système éducatif issu d'une société très hiérarchique et installé à la fin du XIXème siècle, un système où l'on apprend, mais où l'on n'apprend pas à apprendre... Donner à l'élève le goût d'apprendre, ce n'est pas lui dire "apprends et récite !" (Jacques Marseille, économiste, historien, universitaire, chez Y. Calvi, Europe 1, 25 février 2000).
– Nos programmes sont trop universitaires, trop abstraits, trop tôt... Par exemple, le programme d'histoire, en classe de troisième, requiert des élèves une capacité d'analyse digne de l'agrégation... (Luc Ferry, président de la Commission Nationale des Programmes, interrogé sur Europe 1 par Yves Calvi, 23 janvier 2002).
– 13,2 élèves par ordinateur dans le primaire, 8,6 dans le secondaire... La France se trouve dans le peloton de queue de l'Union Européenne (dans le peloton de tête : Luxembourg et Danemark avec 1 à 2 élèves par ordinateur). Rapport 2000-2001 d'Eurydice, réseau d'information sur l'Éducation en Europe (Libération, 25 décembre 2001).
– Université de Saint-Denis (Paris VIII) : 22,9% de réussite au Deug en deux ans, durée normale d'obtention de ce diplôme ; 80,7% de réussite à Dauphine (Paris-IX)... Pour les autres universités, le contraste est moindre. La plupart tournent, à 5% près, autour du taux de réussite moyen : 45,5% en deux ans. En trois ans, le chiffre monte à 68,8%... (Libération, 17 octobre 2001).
– On sait bien que la réussite scolaire c'est quelque chose qui désamorce la violence. (Un prof du lycée Blaise Cendrars, Sevran, 93, Ça me révolte, M6, 06 décembre 2001).
– Les marches pour l'égalité des années 80 ont été une erreur grave… Les îlotiers sont systématiquement caillassés dans certains quartiers… La société n'a pas réussi… Les parents n'ont pas fait leur devoir, l'école non plus… L'Éducation Nationale nous demande de prendre sa place pour faire de la discipline dans les établissements…, moi je dis non ! (Patrick M., policier, syndicaliste, Ripostes, La Cinquième, 12 novembre 2000)
– On traîne un laxisme depuis des années, qui nous pourrit la vie… (Un prof de maths, RTL, Les Auditeurs ont la parole, 24 janvier 2000).
– On a des élèves de plus en plus inadaptés au fur et à mesure que les années passent. (Une enseignante, Europe 1, 25 février 2000).
– Un enseignant du public sur cinq choisit l'école de ses enfants, parce qu'il connaît le système. (Jacques Marseille, universitaire, Europe 1, 25 février 2000).
– Grands gagnants à la course de l'excellence…, les enfants de profs constituent le quart des promos de HEC, le tiers des rangs de l'X, plus de 40% des élèves de Centrale, Paris, la moitié de ceux de l'"Agro"… alors que leurs parents représentent à peine 5% de la population active. (Marie-Laure de Léotard, citée par le mensuel Capital, février 2002, p. 95).
Citée plus haut, la syndicaliste Monique Vuaillat reprochait aux candidats à la présidentielle ne ne pas trop évoquer l'école, mais on aurait pu lui rétorquer que le monde enseignant en parle encore moins souvent que les politiques ou la presse ! Car, d'où nous viennent la plupart des reportages les plus alarmants sur l'école ou la jeunesse, sinon de tel organe de presse, de tel organisme international (test Pisa de l'OCDE), voire de tel élu ayant instauré un couvre-feu sur la circulation nocturne des mineurs dans sa ville ? Pourquoi les problèmes liés à l'éducation n'apparaissent-ils que de manière épisodique dans le discours des principaux intéressés : les enseignants ? Pour ma part, j'aurais un début d'explication : il suffirait de bien lire les deux derniers items de la revue de presse qui précède : un enseignant sur cinq choisit l'école de ses enfants, et avec 5 % d'enseignants dans la population active, on se retrouve avec le quart voire pas loin de la moitié de fils et filles de profs dans les meilleures institutions de l'enseignement supérieur.
Il faut dire que les enseignants sont aussi - souvent - d'excellents parents d'élèves ! Ce qui appellerait de ma part une question : pourquoi y arrivent-ils si bien avec leurs propres enfants, et si mal avec les enfants des autres ? Question subsidiaire : à qui va-t-on faire croire que les difficultés de l'école ne se situeraient que dans l'enceinte des établissements scolaires, comme si les enfants naissaient dans les choux ou étaient livrés par des cigognes ?
Autre chose ? Un phénomène récurrent dans bien des quartiers populaires dits "sensibles" : les rixes entre bandes rivales encore qualifiées d'ethniques.
Des cités minées par des problèmes sociaux récurrents, donc, et qui laissent les responsables politiques bien démunis, quand ils n'en sont pas réduits à détruire, tout bêtement. La barre (Balzac, La Courneuve, 93) figurant ci-dessous a, ainsi, été rayée de la carte. Et dire qu'il y a tant d'étudiant(e)s mal logé(e)s en France !
Lu dans un forum de discussion :
phil34
6 janvier 2009
17 juin 2009 à 11:51
Moi qui croyais que les bobos se battaient littéralement pour avoir le privilège d’habiter avec les immigrés.
Ils m’auraient donc menti sur le merveilleux multiculturalisme qu’ils prônent à longueur de journée? Nos banlieues sont déjà un concentré d’acculturation totale et de problèmes liés à une immigration de masse beaucoup trop rapide et qui a lieu dans un contexte de crise économique durable. La constat n’est malheureusement pas exagéré: émeutes, violences, intolérance, fanatisme religieux, obscurantisme, racket, vol, femmes soumises et voilées, règne des caïds, homophobie, antisémitisme, intimidations des riverains, mariages forcés, trafics, voitures, écoles, bus et passagers brulés, profs et élèves agressés et poignardés, tir au fusil contre la police, pompiers caillassés etc...Depuis plusieurs décennies, la litanie quotidienne de ces « faits divers » n’en finit jamais et elle est malheureusement exponentielle. Mais pour une certaine gauche et des associations genre RESF, idiots utiles et collabos parfaits de l’obscurantisme et des marchands de sommeil, la barque n’est jamais assez pleine. Nous sommes donc traités de racistes et mis en demeure d’importer encore plus massivement ces merveilleux problèmes chez nous jusqu'à que le bateau déjà surchargé coule définitivement. Il s’agit là d’une véritable escroquerie intellectuelle car ces belles âmes fuient les cités sensibles comme la peste et leurs enfants n’iront absolument jamais en ZEP. Croyez donc ce que FONT ces tartarins et non ce dont ils se VANTENT sans jamais agir. Vont-ils habiter les cités sensibles ? Non, surtout pas, bien évidement ; demandez leur POURQUOI. Ils réservent ce sort à la populace, aux « beaufs » comme ils disent, ces derniers se sont d’ailleurs depuis longtemps détournés de la go-goche des petits bourges dominants. Ne vous laissez plus intimider par ces escrocs. Ces angélistes sont ultra dangereux; ils ont provoqué la libanisation du pays et ils favorisent la montée de l’extrême droite car ils prônent ouvertement le suicide collectif de la république et de la nation. Résistons à ces tartuffes totalement irresponsables et qui tentent de racheter la faute coloniale en adoptant une attitude de pénitent qui fait mine de se flageller dans son salon de bobo repu de bonne conscience.
Ce commentaire faisait suite aux déclarations d'un maire de banlieue qui trouvait que les marchés de sa ville manquaient de "White", de "Blancos". Source
Commentaire du commentaire : le dénommé phil34 a raison sur beaucoup de choses, mais je lui reprocherai seulement de tout vouloir expliquer par ce souverain poncif que serait l'immigration (... privilège d'habiter avec les immigrés...), cet euphémisme utilisé un peu trop souvent pour noyer le poisson, tant je suis persuadé que tous ceux qui évoquent l'immigration ou les immigrés pensent bien plus souvent à des ressortissants de pays du Tiers-monde - notamment d'Afrique - qu'à des cadres moyens ou supérieurs nord-américains, australiens ou japonais qui, eux aussi, seraient pourtant à ranger dans cette catégorie d'immigrés mais ne le sont jamais !
Constatons, par ailleurs, histoire de pulvériser quelques poncifs, que dans moult quartiers populaires, hormis et malgré quelques problèmes sociaux récurrents, on trouve par ailleurs bien des activités récréatives, éducatives ou culturelles, comme ici, à Colombes (extrait d'une édition du journal municipal).
La fillette au premier plan a toutes les chances d'être née de parents "immigrés" (Laos ou Thaïlande ?). Le fait est qu'il y a "immigré" et "immigré". Et je suis certain qu'à ce propos, notre internaute de tout à l'heure, à l'instar de bien d'autres observateurs peu ou mal inspirés - je pense à ce maire de banlieue - ne connaît pas forcément ce quartier de Paris, qui doit renfermer la plus forte concentration d'immigrés en France, avec deux tiers d'étrangers pour quelque cent quarante nationalités.
Vous avez compris ? Une cité de plus de cinq mille habitants, dont seulement un tiers de Français, et où l'on ne croise pas le moindre dealer de drogue, pas le moindre car de CRS, pas la moindre patrouille de la BAC (Brigade Anti-Criminalité). Comment est-ce possible ?
Voilà une question qu'il faudrait poser à tous et toutes les maires et élus municipaux de France et de Navarre : connaissez-vous seulement cette incroyable cité française, plus riche en "immigrés" que les cités dites sensibles de - au hasard ! - La Courneuve (93), Asnières-Gennevilliers (92), Villiers-le-Bel (95), Strasbourg (67), Mantes-la-Jolie (91) et Clichy-sous-Bois (93) réunies, et dont pourtant le taux de délinquance approche le zéro virgule zéro ?
Et je vous jure que cette perle rare de cité existe bel et bien ! La preuve...
Dans la colonne de droite de cette page figure une galerie de miniatures dont une majorité proviennent de diverses banques d'images ; j'y ai inclus également des photos de jeunes que j'ai eus comme élèves durant mon activité comme professeur à domicile, activité qui m'a conduit un peu partout, tant dans des quartiers aisés que dans des cités HLM. Et je dois avouer que mes meilleurs élèves n'étaient pas forcément les plus riches, bien au contraire. Je pense, notamment, à la petite Salma, huit ans, élève de CE2, née d'un ex-harki illettré (que dis-je ?, analphabète !) et d'une femme de ménage. Ses parents lui avaient offert un ordinateur tout neuf pour l'équivalent de plus de deux salaires mensuels. Mais le plus surprenant fut de découvrir que l'ordinateur ne contenait aucun jeu, rien que des programmes éducatifs. Et j'estime qu'à huit ans, Salma aurait pu entrer directement en CM2, en sautant le CM1. Jugez-en vous mêmes...
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Des enfants comme Salma, il y en a des milliers, dizaines, voire centaines de milliers dans toutes les cités "sensibles" de France, de Navarre et d'ailleurs !
Car, vu de ma propre perspective, si Salma fut l'une de mes meilleurs élèves, elle ne fut pas la seule à démontrer de réels talents intellectuels à un stade précoce. C'est dire si le constat pourrait être fait partout où il y a des enfants, notamment de milieu modeste. Et c'est probablement cela le plus scandaleux dans l'actuel marasme du système éducatif français : des enfants issus de milieux populaires, et démontrant, pourtant, de réelles aptitudes sur le plan scolaire, vont se retrouver, à la fin du collège, régulièrement relégués en CAP, BEP et autres voies de garage, tant il est vrai que l'aristocratie scolaire réserve les filières les plus prestigieuses à ses propres enfants !
Toutes choses que nos élites oublient souvent de dénoncer !
Post scriptum
J'avais entrepris de réviser ce texte lorsque je suis tombé sur un débat à la radio (Europe 1, 22 mai 2012), au cours duquel la journaliste Natacha Polony expliquait (avec le consentement d'un de ses codébatteurs, professeur des écoles), qu'il n'y avait plus d'opposition tranchée entre méthodes de lecture au primaire, "la plupart des enseignants optant pour une méthode mixte avec démarrage en global"... Et moi de penser : "Ben voyons, comme si on ne le savait pas !". Ces débatteurs avaient l'air de considérer que le débat entre méthodes globale et syllabique n'avait vraiment plus lieu d'être, en raison de cette espèce de consensus autour d'une méthode dite mixte. Quelle hérésie !
Le fait est qu'entre ces deux méthodes, il y a une incompatibilité pédagogique totale et absolue, au point que je n'arrive même pas à comprendre que personne n'ait encore eu la simple idée de soumettre ces deux techniques à une véritable expertise, au lieu des éternelles vasouillardises qu'on nous inflige régulièrement.
Par parenthèse, essayez donc d'initier un enfant à la dactylographie, soit à la préhension des touches du clavier avec dix doigts et à l'aveuglette (voir photos d'Inès ci-dessus), en vous appuyant sur une méthode autre que syllabique ! Je vous souhaite bonne chance !
Et comme ceci n'est qu'un post scriptum, revenons un instant sur la suite de l'histoire de cette fillette. Il se trouve que - comme le suggèrent les photos - Inès savait parfaitement lire, écrire, compter et même un peu se repérer sur un clavier AZERTY dès le milieu de la moyenne section de maternelle, ayant appris, sous ma direction, sur la base d'une méthode à 100 % syllabique. Et voilà qu'elle intègre le Cours Préparatoire et que les choses se gâtent brusquement. Je constate, en examinant ses cahiers de classe, que l'institutrice est une adepte de la méthode globale, ce qui me navre prodigieusement. Mais le plus fort fut cet appel téléphonique de la mère, m'annonçant que la maîtresse lui avait recommandé de consulter un orthophoniste, car - je vous le donne en mille ! - Inès serait dyslexique. Et là, j'ai vu rouge.
- Qu'est-ce qu'elle a dit ? Dyslexique ? Non mais, ça ne va pas ? Donnez-moi le numéro de téléphone de cette pauvre c... !
Une gamine à laquelle j'avais personnellement appris à lire, écrire, compter, aussi bien que je l'avais appris moi-même, et qui, à quatre ans et demi, aurait pu sauter la grande section de maternelle ainsi que le CP, si elle avait été ma propre fille ! La mère a pris peur et a refusé de me communiquer le numéro de téléphone de la maîtresse.
Débarrasser l'Éducation Nationale d'un certain nombre d'idiotes et de crétins (diplômés), principaux vecteurs du désastre scolaire qui s'amorce dès les petites classes du primaire. Vaste programme !
Et il y aurait urgence, à en juger par l'état plus que piteux du français, qui recule partout, face à la progression de l'anglais, y compris sur des terres autrefois hospitalières, comme au Québec... |