Souriez... |
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Quelque part dans la banlieue parisienne, l'entrée d'une allée conduisant à un modeste pavillon. Histoire vraie Paris, Gare de Lyon. Je suis sur un des escalators menant aux voies du RER, ligne A. À quelques mètres devant moi se trouve une femme portant un épais manteau de fourrure qui lui recouvre les pieds. Arrivée tout en bas de l'escalator, voilà qu'elle pousse un cri : un bout de son manteau s'est accroché dans la machine. Quelques personnes se précipitent à son aide. D'abord, il faut qu'elle se libère de son manteau, puis nous nous mettons à tirer vigoureusement. Tout d'un coup, la machine s'immobilise ; un dernier effort et nous parvenons à libérer le manteau. Le tout a duré moins de dix secondes. Retour sur un incident qui aurait pu déboucher sur un accident grave. Le fait est que les escalators du réseau SNCF-RATP n'ont jamais tué personne, en tout cas à ma connaissance, alors même que certains affichent un dénivelé d'une quinzaine de mètres et qu'une jeune mère poussant un landau ou accompagnée de tout jeunes enfants, voire des voyageurs âgés trimbalant de lourds bagages, ou encore des handicapés visuels ou moteurs sont autant de candidats à la chute sur ces énormes engins. Alors, comment expliquer un si haut niveau de sécurité ? À mon avis, par le fait que l'escalator se soit arrêté en quelques secondes, sans que personne n'ait pu prévenir qui que ce soit. Et par quel sortilège cette énorme machine a-t-elle pu s'arrêter sans que personne n'ait appuyé sur le moindre bouton ? Visiblement, grâce à ça : Une caméra, comme on peut en voir au-dessus de tous les escalators du réseau RATP-SNCF, et qui explique qu'un agent, devant son mur d'écrans, ait compris qu'il y avait un problème sur cet escalator de la Gare de Lyon et ait appuyé sur le bon bouton. Ce n'est donc pas à moi que l'on va expliquer que la vidéosurveillance, ça ne sert à rien !
Observations Lu sur un forum de discussion : "Un article intéressant sur la vidéosurveillance en Grande-Bretagne: "Sous l'oeil myope des caméras", Noé Le Blanc, Le Monde Diplomatique. Septembre 2008. Le moins qu'on puisse dire c'est que ça n'a pas l'air de très bien marcher." Manifestement, les détracteurs de la vidéosurveillance ne lisent pas toujours les bonnes études, ou alors, ils les lisent de travers.
Fort logiquement, dans ce rapport britannique, les enquêteurs se sont posé les bonnes questions non pas à partir de présupposés idéologiques, mais bien en se fondant sur les statistiques : 1) pre/post ; 2) reduction - no change - increase... En clair, on compare la situation avant et après l'installation de la vidéosurveillance : est-ce que les faits de délinquance baissent, stagnent ou augmentent ? Le résultat est on ne peut plus mathématique, je veux dire scientifique, et explique amplement la progression de la vidéosurveillance dans toutes les grandes villes du Royaume-Uni ! Un petit détail relatif à l'impact psychologique de toute pédagogie : à propos du secteur de Birmingham, par exemple, on a cette note : "Fear of crime decreased after dark only for those aware of the cameras." (La peur d'être victime d'un crime à la nuit tombée [aujourd'hui, on dirait le sentiment d'insécurité] a baissé, mais uniquement chez les passants conscients de la présence des caméras.) Et puis, si ça ne marchait pas, alors que l'on m'explique pourquoi deux catégories de commerces, pourtant sensibles, mais copieusement équipés de caméras, les pharmacies et les stations-service, sont parmi les moins attaqués, et ce, malgré les nombreux drogués en vadrouille et l'ouverture plus que tardive des pompistes. Par ailleurs, si ça ne sert à rien, comment expliquer que la RATP en ait équipé tous ses bus, par exemple ? Autre chose ? Les graffiti le long des voies du RER. Tout le monde peut constater qu'il y en a partout, jusque dans les endroits les plus insolites et les plus improbables. Curieusement, dans les gares, pas le moindre graffiti ! Le fait est que le réseau RATP peut être scindé en deux zones : une zone sous vidéosurveillance, notamment les quais des stations, et une zone hors vidéosurveillance. Ce qui est incontestable, c'est bien le constat que la zone sous vidéosurveillance est vide de graffiti !
Autre chose ? Regardons un peu ce qui se passe du côté du tramway parisien et francilien, dont les rames sont systématiquement équipées de caméras, et voyons ce qu'il en est des dégradations et autres marques de vandalisme. Ici, le tramway T2 entre la Défense et Issy-les-Moulineaux. Des graffiti ? Je n'en ai pas vu un seul. Et sur l'ensemble des lignes de tramway de la région parisienne, pas un fauteuil dégradé, pas une inscription. Et bien évidemment, les caméras n'y sont pour rien ! Autre chose ? Il paraît que le quartier de Sevran-Beaudottes (93) est mal famé. Moi qui m'y rends souvent pour mes courses, je n'ai pas le souvenir d'un seul incident grave survenu au centre commercial. Mais je dois avouer que je ne passe pas mon temps à Beau-Sevran, un temple de la consommation comme il y en a des dizaines dans l'Île-de-France - toujours situés à quelques encablures de zones urbaines dites sensibles, comme c'est curieux ! -, avec des voyous et des bandes de jeunes désoeuvrés fort discrets ! Beau Sevran, un samedi après-midi, et pas la moindre bande ni le moindre uniforme en vue !
Lu dans le journal : Entendu à la radio : Eure-et-Loir. Pour lutter contre la délinquance itinérante (délinquance commise par des sujets venant d'autres départements ou régions, notamment de l'Île-de-France), la préfecture a entrepris d'équiper quelques sites stratégiques de caméras de vidéosurveillance. (RTL, 26 janvier 2012) Une petite suggestion, en passant : compte tenu de l'importance que certains tabasseurs de profs et petits caïds de cours de récréation accordent à la vidéo sur téléphone portable, pourquoi ne pas en mettre partout, de la vidéo, et pas que dans des recoins planqués, mais sur les façades, cours, couloirs, cantines voire salles de classes de nos établissements scolaires. Et là, on fait comme les entomologistes ou les naturalistes : on compte... Ça permettra de faire des statistiques et de dire que la généralisation de la vidéo, y compris dans les salles de classe, ça fait reculer les invicilités ou ça ne sert à rien. Parce que, jusqu'à présent, les seules caméras vidéo effectivement utilisées dans les établissements scolaires sont sur des téléphones portables et servent à transmettre des scènes de violence à tout le monde, sauf à la police !
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