Dans "maternelle"... |
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... il y a "mère" !
En plus de vingt ans de fréquentation d'enfants en situations scolaires diverses, du "cancre" au "surdoué", j'ai vite acquis la certitude que la réussite en la matière dépendait évidemment de l'environnement familial, en clair des parents, ce en quoi d'aucuns verront un truisme, à ceci près que j'estime que c'est la mère, bien plus que le père, qui joue le rôle moteur dans la trajectoire intellectuelle de l'enfant. Evidemment, je n'ai procédé à aucune étude statistique en la matière et m'appuie uniquement sur des intuitions personnelles. Et j'entends m'en tenir à cette religion-là, aussi longtemps que personne ne m'aura apporté la preuve du contraire. L'enfant dit surdoué n'est pas plus doué que les autres. Il a simplement bénéficié d'un sérieux coup de pouce au départ, qui s'apparente à la puissance du lanceur lors de la mise en orbite d'un satellite ou, plus prosaïquement, à l'impulsion mise par un(e) athlète dans le jet d'un javelot. Il est évident que la vitesse parcourue par l'engin va dépendre étroitement de la puissance du jet. Certains enfants bénéficient d'un lancement optimal qui va les porter tout au long de leur scolarité, et ce d'autant plus qu'à la maison, ils trouveront toujours la personne idoine - la mère au cours des premières années - pour satisfaire à leur curiosité intellectuelle. Ce sont ceux-là qu'on appelle, à tort, des surdoués voire des précoces, alors même qu'il serait facile de démontrer que, placés dans un tout autre environnement que la famille - exemple l'école -, ils périclitent et deviennent même parfois de fort mauvais élèves !
L'importance du niveau intellectuel des parents, et notamment de la mère, est d'autant plus facilement vérifiée par le fait que près de 99,99 % des enfants dits précoces ont toujours commencé leur scolarié à la maison, autant dire sous la direction de la mère, en tout cas dans les toutes premières années d'apprentissage.
Tout récemment, nous avons eu le cas d'une jeune Camerounaise, bachelière à 14 ans.
"Et quand je ne comprends pas, je pose des questions à mes parents." C'est dire si je suis affligé par ce discours lénifiant tenu autour de l'échec scolaire, d'où qu'il vienne, qu'il s'agisse de responsables politiques ou de militants associatifs, d'experts en "sciences de l'éducation" ou de responsables d'associations de parents d'élèves : c'est à croire que tout le monde s'accorde à viser "à côté de la plaque", ignorant que l'échec des enfants n'était souvent que le symptôme d'un échec plus vaste qui est celui de l'intégration de toute un tas de gens inadaptés à un environnement moderne. Et c'est bien pour cela qu'on a inventé les internats dits d'excellence, non ? Parce que les enfants ne naissent pas dans les choux ! Fort de mon expérience dans le travail avec des élèves en difficulté, j'ai, donc, très tôt, essayé de nouer des contacts avec certaines associations de migrants, par exemple, ou censées assister ceux et celles qui avaient le plus besoin d'une sérieuse (re)mise à niveau sur le plan scolaire. Pourquoi ces associations-là ? Devinez donc ! Au hasard, je citerai la section Alphabétisation d'Emmaüs, celle de la Croix Rouge, une Fédération d'Associations pour l'Alphabétisation des Etrangers nommée AEFTI et basée à Montreuil-sous-Bois (93), une autre association de femmes maliennes basée elle aussi à Montreuil, des associations de travailleurs africains ici ou là, une association dédiée à l'encadrement de travailleurs immigrés et basée à Pierrefitte (93), etc. Et à chaque fois, ce fut soit le bide total, soit le courrier lénifiant, du type "nous vous remercions de votre courrier..., et bla-bla-bli, et bla-bla-bla." Je passe sur les déplacements en personne dans divers foyers de travailleurs africains pour y recruter des bénévoles en vue d'une campagne d'alphabétisation, comme dans le quartier de Charonne (Paris 11ème) ou de nouveau à Montreuil, notamment au célèbre Foyer Bara. Et pour bien faire les choses, je me suis même fendu d'un courrier intitulé P.M.I. (Protection Maternelle et Infantile ; nous étions en mars 2001, quelques semaines avant les élections municipales) ; ce courrier a été adressé à quelques dizaines de maires de la région parisienne et était formulé ainsi :
Ci-dessous, un courriel émanant de la Croix Rouge - Alphabétisation ainsi qu'un courrier de la Fédération AEFTI (Montreuil-Sous-Bois).
Les courriers qui précèdent, ainsi que la multitude de ceux restés sans réponse, parce que les destinataires n'étaient probablement pas intéressés par mes propositions, expliquent largement la permanence de l'échec scolaire dans ce pays où l'on persiste à ne pas traiter les maux à la racine, se contentant de rustines, pour se donner bonne conscience. Pour ma part, je sais que le niveau d'instruction de la mère est une condition essentielle de la réussite d'un enfant à l'école. Autant dire que les enfants nés d'une mère illettrée, voire analphabète, partent dans la vie avec un sérieux handicap. Et il n'y a pas que moi qui le dise.
De l'alphabet à l'éducation civique, en passant par la lecture et quelques rudiments de grammaire et de calcul, les bénévoles organisent leurs cours selon le niveau de chacune. Mon avis ? Ça part d'un bon sentiment, mais les bons sentiments n'ont jamais guéri un cancer. Voyez le cancer du mal-logement dénoncé en son temps par l'Abbé Pierre, lequel a lamentablement échoué dans sa croisade. Plus que du bénévolat, ce qu'il faut mobiliser ici, c'est du professionnalisme. Et puis, commençons par une question toute bête : mais que font, donc, toutes ces populations illettrées et analphabètes au beau milieu des grandes villes de France et d'Europe ? Lu sur Internet : Dans l’ombre d’une ville. Femmes en alphabétisation à la Goutte d’Or.
La jeune femme qui témoigne à l’écran est née en Kabylie, dans un village isolé et n’a pu aller à l’école que durant un an et demi. Vivre en France sans savoir lire ni écrire provoquait chez elle « une boule dans le ventre » et des difficultés à suivre la scolarité de ses enfants. Une souffrance qui l’a incitée à suivre les cours d’alphabétisation pour les femmes de son quartier au centre social Accueil Goutte d’Or. Le premier jour, elle a appris à écrire son nom de famille, ce qui lui a permis de donner son identité le soir même à l’accueil de l’hôpital où son mari venait d’être admis en urgence. « Je lui ai dit : c’est la première fois que j’écris mon nom », évoque-t-elle en souriant et on imagine son émotion. Que signifie être analphabète en France en 2005 ? « De la souffrance et du courage, résume Aïcha Smaïl, coordinatrice pédagogique à Accueil Goutte d’Or. On ne se rend pas du tout compte de ce que vivent ces personnes, de leur réalité, on confond souvent analphabétisme, illettrisme et cours de français langue étrangère (FLE). Or, une personne analphabète n’a jamais été scolarisée même dans son pays d’origine ». Dans les cours d’alphabétisation, les femmes apprennent à parler, lire, écrire le français pour leurs démarches administratives, l’acquisition d’une plus grande autonomie dans la vie quotidienne, la préparation à l’insertion professionnelle, la connaissance de leurs droits et devoirs… Le film « Dans l’ombre d’une ville » montre un apprentissage ni simple, ni linéaire. Il souligne aussi les difficultés globales de ces femmes : comment étudier lorsqu’on vit à l’hôtel ? Circuler si l’on n’a pas de papiers ? Suivre la scolarité de son enfant sans savoir lire le carnet de correspondance ? L’immigration a fait passer ces femmes d’un monde à un autre, les projetant dans une ville à la modernité désarmante : bus, métro, enseignes diverses, plans compliqués… Débarquer à Paris, c’est se perdre dans un dédale de signes et d’écritures, un espace sans fin les condamnant à la dépendance et à l’isolement. Mais le film montre aussi leur travail de résistance. Cet apprentissage au sein du cours d’alphabétisation devient pour elles un combat qui les mène à la reconnaissance de leurs droits et à leur émancipation. Sadio S. en est une belle illustration. Le simple fait d’être une femme lui a fermé les portes de l’école. Avec les cours d’alphabétisation la jeune femme a gagné son autonomie et bien plus encore.
Pourtant tout n’a pas été simple pour elle lorsqu’elle a commencé les cours : trois enfants en bas âge, un travail et le rejet d’une partie de sa famille ne supportant pas ses pas vers l’indépendance. Elle a combattu et aujourd’hui, elle a son permis, sa voiture, un nouveau job et beaucoup de détermination. Il ne lui manque que la nationalité française « On me l’a refusée une fois, je continue à me battre, je vous garantis que je l’aurai », affirme-t-elle. L’action d’alphabétisation menée par le centre social Accueil Goutte d’Or touche une centaine de femmes par an. Elle est financée par le FASDIL (Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations) et la ville. L’État s’est désengagé des projets d’alphabétisation en direction des femmes. Pourtant l’Unesco estime à 20 % le nombre d’adultes analphabètes dans le monde, dont deux tiers de femmes. Une centaine de femmes par an, sur combien de dizaines de milliers ? On me dira que c'est toujours mieux que rien. Prenons le cas du Mali et de ses ressortissants àl'étranger :
Et les Maliens et Maliennes illettrés se retrouvent par milliers voire dizaines de milliers dans des foyers miteux de Montreuil-sous-Bois au d'autres villes de la Région parisienne, aux côtés d'autres paysans déracinés arrachés à leur village africain, pour ne parler que des Africains. Et c'est chez ces Africains-là que les familles comptent le plus de rejetons, que les parents n'ont pas les moyens intellectuels d'élever dans un environnement urbain et toujours plus sophistiqué. Parce que la nature humaine et les atavismes étant ce qu'ils sont, après des décennies de présence loin de chez eux, on entend encore dire que tel ou tel groupe humain reste accroché à ses "traditions", comme on dit pudiquement. Et parmi ces "traditions", il y a, par exemple, le mariage arrangé, l'excision des fillettes et autres stupidités.
Autant dire que les campagnes d'alphabétisation menées par les associations ne sont qu'une goutte d'eau dans un océan, pour ne pas dire une imposture. Et en attendant, les mêmes enfants, issus de l'immigration, comme on dit à la télé, continuent d'aller grossir les cohortes des laissés pour compte relégués dans les voies de garage du système scolaire, et ce sont les mêmes qui empoisonnent la vie de maints quartiers dits sensibles ou difficiles par euphémisation. Pour mémoire : parmi les membres de ces bandes "ethniques", il ne doit pas y avoir un seul enfant de médecins, ni d'infirmiers/infirmières, de comptables, magistrat(e)s, d'enseignant(e)s... Pour la plupart, les mères sont des femmes de ménage ou des mères au foyer ; quant aux pères, les plus "chanceux" sont ouvriers au SMIC ; les autres sont au chômage ou à la retraite. Tant il est vrai que les chiens ne font pas de chats ! Extrait de courrier de lecteurs :
Utilisation des cours par correspondance. 62 % : Non. 38 % : Oui Lieu d'habitation de la famille. 46 % : à la campagne. 19 % : en ville. 17 % : en village Niveau d'études des parents. 2 % : aucun diplôme. 9%: CAP, BEP. 20 % : Bac . 69 % : études supérieures. (Source)
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