L'ordinateur n'a pas réussi son entrée à l'école
(lefigaro.fr, 27.08.2009)

Autant dire les choses clairement : le Brevet Informatique et Internet, alias B2I, qui a cours actuellement dans les collèges est une coquille vide, et cela vaut également pour tous ses avatars, dont le C2I, pratiqué dans les universités. Parce que ces programmes ne contiennent pas grand chose de consistant et parce que leur acquisition ne repose sur rien de structuré. C'est ainsi que le B2I ne s'articule sur aucune formation véritable, les élèves se contentant de faire valider des items par un certain nombre d'intervenants enseignants, le tout dans le plus grand désordre et la plus vaste disparité. Le résultat, que j'ai pu vérifier personnellement sur le terrain, est que les collégiens français ne maîtrisent pas grand chose en matière d'informatique. Et cela tient en grande partie au sous-équipement des établissements scolaires en matériel informatique, les enseignants français n'ayant pas encore appris à adapter leur enseignement à un environnement informatique, alors même qu'il est démontrable que les outils pédagogiques informatisés existent dans quasiment toutes les matières, littéraires, scientifiques, technologiques voire artistiques. Las ! Les profs français s'accrochent, mordicus, à leur vieille salle de classe d'antan...

... que l'on abandonne de temps à autre, pour s'en aller manipuler un clavier dans une salle dite "informatique". Tout le contraire de ce qu'on peut voir ailleurs, comme ici, dans une école maternelle suédoise (en bas, à gauche), ou dans des écoles primaires d'un peu partout à travers le monde.

C'est dire s'il existe un retard français en la matière. Il y aurait pourtant mieux à faire. Prenons l'avatar universitaire du B2I, le C2I (Certificat de compétences Informatique et Internet). Sur le site de l'Université de Provence, il nous est présenté en ces termes :

Ce certificat atteste de compétences dans la maîtrise des outils informatiques et réseaux. Il est institué dans le but de développer, de renforcer et de valider la maîtrise des technologies de l’information et de la communication par les étudiants en formation dans les établissements d’enseignement supérieur. Il est prévu deux niveaux :
- un niveau 1 d’exigence applicable à tous les étudiants et les stagiaires de formation continue. Ce premier niveau doit être acquis au plus tard au niveau de la licence mais de préférence dès le début des études supérieures. Il sera à terme exigible à l'entrée à l'IUFM.
- un niveau 2 faisant l’objet d’exigences plus élevées en fonction des orientations professionnelles des formations dispensées (à travers les enseignements de pré-professionnalisation et les filières. Ce second niveau doit être acquis au niveau du Master 2.

Je lis "compétences dans la maîtrise des outils informatiques et réseaux". Soit. Et pour illustrer la chose, ce même site nous présente quelqu'un que je suppose être une étudiante en formation, visible ci-dessous, à gauche. La photo de droite est celle d'Inès, une de mes anciennes élèves, que j'ai déjà eu l'occasion de présenter ici.

Ce qu'on peut apprendre de ces deux photos ? Que la gamine de droite (six ans) et l'étudiante de gauche n'abordent pas l'accès à l'informatique par le même bout. J'ai offert l'ordinateur à Inès le jour-même de ses six ans, et comme on peut le voir, elle actionne le clavier sans regarder ses doigts, conformément au programme d'apprentissage de la dactylographie que j'ai pris soin d'installer sur la machine. Tout le contraire de notre étudiante, qui cherche visiblement ses touches sur le clavier, à l'instar de sa voisine que l'on aperçoit un peu plus loin. (source)

Édifiant, non ?

Dans une précédente section, il a été question de l'ordinateur comme accessoire pédagogique important en tout début de scolarité, dans certaines acquisitions comme la lecture, l'écriture, le calcul .

Mais l'ordinateur est aussi un support pédagogique essentiel dans l'acquisition de savoir-faire difficilement envisageables sans l'outil informatique. C'est le cas de la bureautique, du dessin assisté par ordinateur, de la retouche d'images, du traitement du son, du montage vidéo, de la recherche documentaire sur l'Internet, de la programmation, de la conception de sites Internet, etc. Autrement dit, le meilleur outil pour apprendre à se servir d'un ordinateur, c'est encore l'ordinateur. Et c'est ce qui explique que tous les centres de formation à des disciplines aussi informatisées que le secrétariat, la bureautique, la programmation, le dessin industriel, les dessins animés en 2D ou 3D, le cinéma et la conception d'images virtuelles, etc. soient abondamment équipés de terminaux informatiques. Voici, donc, un petit aperçu de ce à quoi ressemblent ou pourraient ressembler des salles de cours dans des établissements scolaires ou centres de formation assistée par ordinateur, situés un peu partout dans le monde, sauf en France, hormis quelques rarissimes exceptions (lire la suite...).

Quoi de plus indiqué qu'un ordinateur pour apprendre à se servir d'un ordinateur ?

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